88 % des tokens attribués via airdrop voient leur valeur chuter en moins de trois mois

Cependant, leur impact sur la croissance des utilisateurs et la captation de l’attention a profondément transformé les écosystèmes Web3

Les airdrops se sont imposés comme l’un des leviers de croissance les plus marquants de Web3, capables de générer une visibilité exceptionnelle et de recruter des millions d’utilisateurs en quelques jours seulement. Ces deux dernières années, des projets issus de la finance décentralisée, des NFT et du gaming ont distribué des milliards de dollars en tokens pour récompenser les premiers utilisateurs et attirer de nouveaux participants.

Mais la question essentielle demeure : ces distributions permettent-elles de bâtir des écosystèmes solides ou ne provoquent-elles que des vagues spéculatives temporaires ? Si les airdrops créent invariablement des pics spectaculaires de croissance utilisateur et de transactions, leur effet à long terme sur la rétention, l’engagement et la valorisation des tokens demeure nettement plus incertain.

Ce rapport examine les retombées des principaux airdrops dans la DeFi, les NFT et le gaming, en analysant leur influence sur le comportement utilisateur, les performances des tokens et l’activité sur la blockchain.

Points Clés

• Depuis 2017, plus de 20 milliards de dollars ont été distribués par airdrop, dont 4,5 milliards de dollars rien qu’en 2023, faisant de cette pratique l’une des stratégies de croissance les plus efficaces — et les plus onéreuses — du Web3.
• 88 % des tokens issus d’airdrop perdent de la valeur dans les trois mois, soulignant le fossé entre l’engouement initial et la viabilité sur le long terme.
• Les airdrops génèrent systématiquement des pics d’activité massifs : lors de son lancement, Arbitrum a enregistré 2,5 millions de transactions quotidiennes et Blur a capté plus de 70 % du volume d’échange NFT en une seule nuit.
• La fidélisation demeure le point faible : en moyenne, quelques semaines après un airdrop, l’activité retombe à environ 20 %–40 % au-dessus du niveau antérieur, la majorité des bénéficiaires encaissent leur gain avant de quitter le projet.

Sommaire

1. Qu’est-ce qu’un airdrop et comment ont-ils influencé la croissance de Web3 ?
2. Airdrops DeFi & Layer2 : catalyseurs de croissance ou opportunités pour les profiteurs ?
3. Airdrops NFT : arbitrage de liquidité ou fidélisation communautaire
4. Airdrops du gaming : un impact limité dans l’économie play-to-earn
5. L’avenir du suivi des airdrops avec DappRadar
6. Conclusion

1. Qu’est-ce qu’un airdrop et comment ont-ils influencé la croissance de Web3 ?

Dans Web3, un airdrop désigne la distribution gratuite de tokens à certains portefeuilles, généralement pour récompenser une activité passée ou encourager un engagement futur. Contrairement aux ICO, qui imposent l’achat de tokens, les airdrops placent directement les tokens entre les mains des utilisateurs. L’idée est simple : en cédant la propriété, les projets peuvent créer une communauté, décentraliser la gouvernance et instaurer une liquidité immédiate.

Les airdrops peuvent prendre plusieurs formes :

• Airdrops rétroactifs — ils récompensent les utilisateurs ayant interagi avec un protocole dans le passé, par exemple Uniswap en 2020, Arbitrum en 2023.
• Airdrops incitatifs — ils encouragent le trading, le staking ou le parrainage en cours, comme le système de points de Blur.
• Airdrops communautaires — destinés aux détenteurs de NFT, aux développeurs ou aux membres d’une communauté, par exemple BONK sur Solana.

Depuis 2017, les airdrops sont passés d’une stratégie marginale de visibilité à un outil marketing central de Web3. Plutôt que d’investir dans la publicité, les projets offrent la propriété. L’enjeu : des utilisateurs qui se sentent co-propriétaires testeront davantage le produit, le partageront, et resteront fidèles.

Repères historiques :

• 2017–2018, la première vague : durant l’ère des ICO, les airdrops servaient à élargir rapidement les groupes Telegram et les portefeuilles — impact essentiellement spéculatif, peu d’engagement réel au-delà de la demande.
• 2020, l’ère “gold standard” UNI : l’airdrop $UNI d’Uniswap a fixé un nouveau standard. 400 UNI attribués à chaque utilisateur antérieur (~1 200 $ à l’époque, plus de 12 000 $ à son sommet), transformant les premiers utilisateurs en ambassadeurs, et consacrant les airdrops rétroactifs comme outil équitable de récompense.
• 2021–2022, l’ère de la stratégie d’airdrop : dYdX, ENS, LooksRare, etc. généralisent les airdrops pour attirer les traders, usagers de services de noms ou collectionneurs NFT. Certains réussissent, d’autres sont engloutis par les profiteurs.
• 2023–2025, l’ère des méga-airdrops : Arbitrum (1,97 md de dollars), Blur (818 millions de dollars), Worldcoin (airdrops continus vers plus de 10 millions d’utilisateurs) illustrent l’effet systémique de distributions massives.

Malgré un suivi fragmenté, on estime que :

• Depuis 2017, des centaines d’airdrops ont eu lieu dans la DeFi, les NFT, le gaming et l’infrastructure.
• Plus de 20 milliards de dollars distribués, dont 4,5 milliards de dollars en 2023 (Arbitrum, Blur, Celestia, etc.).
• Les grands airdrops ciblent fréquemment de 100 000 à 1 million d’adresses, certaines campagnes mondiales (Worldcoin) visant des dizaines de millions de bénéficiaires.
• Les analyses indiquent qu’environ 88 % des tokens issus d’airdrops perdent de la valeur dans les trois mois suivant le lancement, montrant qu’ils sont avant tout des succès marketing, rarement des facteurs de solidité long terme.

Pourquoi les airdrops fonctionnent-ils sur le plan marketing ?

• Accès facile : tokens gratuits = essai du produit.
• Effet viral : l’ampleur des distributions (“argent gratuit”) suscite un fort intérêt public.
• Décentralisation : la répartition des tokens donne des droits de gouvernance et (en théorie) aligne les intérêts utilisateur-projet.
• Pression concurrentielle : les airdrops déplacent rapidement les parts de marché, comme Blur face à OpenSea.

Ces opérations comportent aussi des risques : farming, liquidations rapides et difficulté de rétention. Malgré tout, en 2025, les airdrops restent l’un des leviers marketing les plus puissants et imparfaits du secteur dapp.

2. Airdrops DeFi & Layer-2 : catalyseurs de croissance ou opportunités pour les profiteurs ?

Le secteur DeFi concentre l’essentiel du phénomène airdrop. Des exchanges décentralisés aux rollups Layer-2, les protocoles se sont appuyés sur la distribution de tokens pour récompenser les premiers utilisateurs, décentraliser la gouvernance et surtout attirer de nouveaux entrants. Historiquement, certains des plus grands airdrops de Web3 sont issus de la DeFi et des solutions de scalabilité réseau.

Airdrops sur les réseaux L2

L’exemple le plus emblématique demeure l’airdrop d’Arbitrum en mars 2023 : 1,16 milliard de tokens ARB (environ 11,6 % de l’offre) distribués à plus de 600 000 adresses, constituant alors l’airdrop le plus significatif de l’industrie. Au pic, la valorisation atteignait près de 2 milliards de dollars. L’effet sur la blockchain a été immédiat : plus de 2,5 millions de transactions le jour de l’attribution, dépassant temporairement Ethereum.

Si l’effervescence s’est naturellement estompée, Arbitrum a tout de même conservé une base d’activité supérieure à l’avant-airdrop. Deux mois après, le réseau traitait environ 1 million de transactions quotidiennes, avec une hausse de 531 % des portefeuilles actifs uniques. Mais la rétention reste nuancée : nos données montrent que seuls 5 % environ des transactions sur cette période étaient issues d’adresses ayant reçu des ARB. Une grande partie des bénéficiaires a vendu aussitôt, laissant l’activité réelle à de nouveaux utilisateurs ou à des profils DeFi déjà actifs séduits par l’écosystème Arbitrum. Le token ARB a connu une baisse classique : lancé à 1,30–1,40 dollars, il a perdu plus de 75 % en deux ans.

Optimism propose un contre-exemple instructif. Préférant une stratégie en plusieurs vagues (depuis 2022), sa deuxième distribution en 2023 a ciblé 11 millions de OP, privilégiant les participants à la gouvernance (votants DAO, délégués). Cette méthode a généré des hausses d’activité plus modérées qu’Arbitrum, mais a renforcé l’alignement d’intérêts et la gouvernance. Les données confirment des bonds de volume et de portefeuilles actifs lors de l’attribution, puis une normalisation rapide. Le token OP a perdu 42 % de sa valeur depuis son lancement, il y a trois ans.

Airdrops DeFi

Les protocoles DeFi suivent des schémas analogues à ceux des Layer-2. L’airdrop initial de dYdX auprès des traders actifs a provoqué une envolée des volumes, tombés ensuite à mesure que les incitations disparaissaient — son token ayant chuté d’environ 70 %. 1inch a distribué ses tokens en plusieurs vagues, dopant les portefeuilles à court terme, mais sans réelle participation à la gouvernance : le token a perdu 52 % juste après l’airdrop, et plus de 90 % sur cinq ans. L’airdrop rétroactif d’ENS fin 2021, plus modeste, affiche une meilleure résistance avec une chute de 40 % sur quatre ans, tout en fédérant une communauté de gouvernance fidèle chez les détenteurs de domaines Ethereum.

À l’échelle du secteur, une dynamique se dégage : les airdrops provoquent une croissance fulgurante, doublant ou triplant l’activité quotidienne, et générant des pics de TVL par effet d’aubaine. Mais, en quelques semaines, l’activité retombe à des niveaux à peine plus élevés qu’auparavant. Les prix des tokens suivent la même trajectoire : la majorité des tokens DeFi issus d’airdrops perdent 60 % à 90 % de leur valeur initiale en quelques mois, une fois que les profiteurs se sont désengagés.

Si les airdrops restent inégalés pour l’acquisition rapide d’utilisateurs, la rétention sur le long terme dépend d’un véritable fit entre le produit et le marché. Arbitrum a su maintenir des volumes car son réseau proposait déjà une utilité DeFi forte à des coûts faibles. Optimism, via le centrage sur la gouvernance, montre qu’un design réfléchi modifie le comportement utilisateur au-delà de la spéculation. À l’inverse, les protocoles sans écosystème solide ne profitent des airdrops que comme campagne marketing coûteuse, enrichissant les opportunistes sans générer d’adoption durable.

3. Airdrops NFT : arbitrage de liquidité ou fidélisation communautaire

Si DeFi et Layer-2 ont utilisé l’airdrop pour bâtir l’infrastructure, le secteur NFT l’a transformé en outil de conquête de parts de marché. Cela a frappé lors de l’essor de Blur, la marketplace qui a remis en cause la domination d’OpenSea avec l’une des stratégies d’airdrop les plus offensives de Web3.

Le lancement du token BLUR en février 2023 a été précédé par des récompenses “saisonnières”, où les traders engrangeaient des points pour la mise en vente de NFT, l’apport de liquidité et la fidélité démontrée à la plateforme. À la sortie du token, 51 % de l’offre totale a été attribuée à la communauté, soit plus de 800 millions de dollars à son apogée. Résultat : en quelques jours, Blur a capté plus de 70 % du volume de trading NFT sur Ethereum, forçant OpenSea à revoir sa politique de frais et de royalties. Les chiffres confirment que Blur, avec pourtant moins de portefeuilles actifs uniques, a temporairement traité cinq fois plus de volume qu’OpenSea.

La nature de cette activité soulève un avertissement : la majorité du volume Blur venait de quelques traders à haute fréquence exploitant le système pour accumuler des points et maximiser les récompenses futures. Les analyses de l’époque montraient que quelques centaines d’adresses réalisaient l’essentiel des transactions. Si cette stratégie a créé une liquidité inédite (spreads serrés, profondeur et exécution rapides), elle n’a pas pour autant élargi la communauté. OpenSea demeurait leader en nombre de portefeuilles actifs, car plus attractif pour les créateurs et collectionneurs occasionnels.

Le token BLUR a connu une trajectoire attendue : démarré à 1,20 dollars, il a chuté sous les 0,10 dollar d’ici 2025, la revente par les bénéficiaires étant massive. Les saisons de récompenses suivantes n’ont pas stoppé l’érosion de la valeur. Fin 2023, la part de marché de Blur a fini par chuter, se stabilisant entre 20 % et 40 % après l’engouement initial.

D’autres airdrops NFT suivent la même logique. LooksRare et X2Y2 ont répliqué la stratégie d’attaque vampire en 2022 en distribuant des tokens aux utilisateurs OpenSea. Malgré un volume significatif, il s’agissait principalement de trading fictif, et l’activité a brutalement décliné lorsque les récompenses se sont taries. Leurs tokens, initialement valorisés à plusieurs centaines de millions, ne valent aujourd’hui qu’une infime fraction de leur pic. Plus récemment, les airdrops NFT de type memecoin (ex. Memecoin ($MEME)) ont brièvement dynamisé les collectionneurs sans générer de véritable écosystème.

Le principal enseignement est que si l’airdrop NFT excelle pour déplacer la liquidité, il peine à solidifier la communauté. Les traders suivent la récompense, mais collectionneurs et créateurs recherchent confiance, utilité et ancrage culturel — des dimensions qu’un token seul ne suffit pas à offrir.

En 2025, le paysage des marketplaces NFT est plus disputé que jamais, marqué par l’héritage de ces airdrops. OpenSea innove avec des outils pro, Blur cible les professionnels, d’autres plateformes explorent de nouveaux modèles. Toutefois, la question centrale subsiste : les tokens suffisent-ils à créer une communauté durable, ou ne servent-ils qu’à alimenter des guerres temporaires de liquidité ?

4. Airdrops du gaming : un impact limité dans l’économie play-to-earn

Alors que la DeFi et les places NFT ont fait des airdrops des événements marketing à plusieurs milliards de dollars, le secteur du jeu blockchain est resté prudent. Les jeux Web3 privilégient en effet leurs économies propres et les NFT, sans recourir à des largages massifs. Résultat : ces deux dernières années, les gros airdrops gaming ont été rares, et leur effet est resté bien plus marginal que dans la DeFi ou le secteur NFT.

La majorité des projets gaming blockchain ont contourné les airdrops rétroactifs, préférant plateformes de lancement, création de NFT ou gains in-game pour la distribution de tokens. Cette approche s’inspire des leçons du boom play-to-earn de 2021, quand des économies de tokens inflationnistes se sont effondrées sous l’effet spéculatif. De 2023 à 2025, les studios prennent ainsi soin d’éviter les distributions massives sans mécanismes durables.

Quelques exceptions existent à l’échelle de l’infrastructure : Immutable, Polygon ou Ronin ont mis en place des incitations ciblées pour développeurs et joueurs, mais toujours sous forme de programmes continus, jamais de largages uniques. De même, certains studios ont récompensé les bêta-testeurs avec quelques NFT ou des distributions modérées, sans déséquilibrer leur économie.

Dans le gaming, l’enjeu réel n’est pas de recruter par le token, mais de divertir et de fidéliser suffisamment pour créer un écosystème pérenne.

5. L’avenir du suivi des airdrops avec DappRadar

À mesure que les airdrops structurent l’écosystème décentralisé, il devient crucial de disposer d’outils fiables pour distinguer les meilleures opportunités. Face à des milliards de dollars de tokens distribués et à une multiplication des projets, les utilisateurs doivent pouvoir différencier les largages à fort potentiel du bruit ambiant.

DappRadar Airdrops répond précisément à ce besoin, grâce à un tableau de bord complet permettant de maîtriser l’univers des distributions de tokens. La plateforme propose des guides personnalisés, détaille les actions clés pour optimiser ses chances de recevoir un airdrop et met en avant la difficulté ou la probabilité associée à chaque opportunité. Que ce soit pour réaliser des transactions sur la blockchain ou valider sa participation à une bêta, les utilisateurs y trouvent des stratégies étape par étape pour maximiser leurs récompenses.

En centralisant toutes les informations, actions et résultats, DappRadar Airdrops permet à la communauté de garder une longueur d’avance. Que vous soyez trader DeFi, collectionneur NFT ou gamer Web3, cet outil vous assure de ne jamais passer à côté de la prochaine grande distribution.

6. Conclusion

88 % des tokens issus d’airdrop perdent de la valeur dans les mois qui suivent, mais chaque airdrop valide une vérité fondamentale : dans Web3, l’attention est la monnaie la plus précieuse. À chaque grande distribution, le véritable enjeu n’est pas le token lui-même, mais le comportement utilisateur qu’il permet de déclencher. Désormais, le défi consiste moins à capter l’attention qu’à la transformer en communauté durable. C’est là que DappRadar intervient : analyser les données, démêler le signal du bruit, et permettre à chaque utilisateur ou constructeur d’identifier les projets qui créent du fort intérêt public… ou entrent dans l’histoire.

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