Au cours de la dernière décennie, la croissance rapide du marché des actifs numériques a profondément remodelé la structure du système économique mondial. Depuis la création du Bitcoin, la blockchain a connu une évolution complète—de la preuve de concept à l’industrialisation à grande échelle. L’industrie crypto a progressivement quitté l’ère de la « spéculation » pour entrer dans celle de « l’application ». Parallèlement, l’essor de l’intelligence artificielle et de la donnée comme facteurs de production a accéléré la transformation numérique des chaînes industrielles, dessinant un paysage concurrentiel centré sur l’innovation technologique. Dans ce contexte, l’industrie crypto s’impose comme l’une des « nouvelles économies technologiques » les plus emblématiques, attirant des flux massifs de capitaux et de talents qualifiés.
L’écosystème de l’emploi crypto se distingue par des caractéristiques structurantes : salaires élevés, travail sans frontières, environnement d’innovation ouvert et incitations basées sur les tokens, qui renforcent l’attractivité des talents. De plus en plus d’ingénieurs, designers produit et professionnels de la finance quittent les univers de l’Internet et de la finance traditionnels pour rejoindre l’écosystème Web3. Selon le Gate Research Institute, depuis 2023, le nombre de professionnels entrant dans la crypto à l’échelle mondiale a progressé de 42 % sur un an, dont 70 % issus d’entreprises Internet et fintech classiques.
Ce rapport propose une analyse systématique du marché de l’emploi crypto en 2025, offrant une vue précise de la situation actuelle et des tendances à venir. Il a pour ambition d’éclairer les candidats sur la structure des métiers et les parcours possibles, tout en fournissant aux entreprises des références pour l’élaboration de leur stratégie de recrutement et de gestion des talents.
Ce rapport adopte une méthodologie mixte, associant analyses quantitatives et entretiens qualitatifs. À partir d’échantillons collectés du quatrième trimestre 2024 au deuxième trimestre 2025, il intègre des jeux de données publics issus de Web3 Career, DefiLlama, CoinGecko, ILOSTAT, TradingView et CoinMarketCap. L’équipe de recherche a analysé la structure de plus de 400 entreprises, exchanges et équipes projets, en s’appuyant également sur les données d’emploi macroéconomiques du Forum économique mondial (WEF) et de l’Organisation internationale du travail (OIT) pour garantir la fiabilité et l’actualité des résultats.
Le rapport compare la structure des emplois et les grilles salariales entre différents secteurs—blockchain publique, DeFi, RWA (Real-World Assets) et IA + Crypto—et analyse les tendances de l’emploi dans les principaux marchés mondiaux (Amérique du Nord, Europe, Asie, Amérique latine), en tenant compte des spécificités régionales.
Selon le rapport 2025 de l’Organisation internationale du travail (ILOSTAT), le taux de chômage mondial s’établit à environ 5 %, soit une légère amélioration par rapport à 2023. Toutefois, la croissance globale de l’emploi ralentit à 1,5 %. L’adoption massive de l’intelligence artificielle accentue la différenciation structurelle du marché du travail : les emplois peu et moyennement qualifiés sont de plus en plus automatisés, tandis que la demande en profils hautement qualifiés progresse—mais leur disponibilité croît beaucoup plus lentement, accentuant le « fossé des compétences ». Dans ce contexte, l’industrie crypto—par son intensité technologique et sa dimension internationale—s’impose comme une « zone tampon » clé du système d’emploi mondial.

Contrairement aux entreprises technologiques classiques, l’organisation du travail dans la crypto est bien plus flexible. L’essor des DAO (Decentralized Autonomous Organizations) et des outils de travail à distance permet aux équipes de fonctionner au-delà des fuseaux horaires et des frontières nationales. Ce modèle favorise à la fois l’efficacité organisationnelle et la diversité des talents. En 2025, plus de 58 % des entreprises crypto mondiales adoptent un modèle hybride ou 100 % à distance, avec des équipes réparties dans plus de 120 pays et régions.
Ce « salariat collaboratif global » marque une étape nouvelle du travail numérique. Les individus participent aux projets via une identité on-chain, les paiements et règlements s’effectuent par smart contracts, et les contributions sont inscrites de façon immuable sur la blockchain. La transparence de la valeur du travail et l’instantanéité des incitations renforcent le système d’emploi traditionnel. Selon Gate Research Institute, le modèle crypto préfigure l’évolution des relations de travail de demain : plus décentralisées, plus fluides, fondées sur la confiance technologique.
Malgré le contexte économique mondial sous pression, l’industrie crypto continue d’afficher une forte dynamique. Depuis 2013, la capitalisation totale du secteur est passée de 7 milliards USD à près de 3 000 milliards USD en 2025—soit un bond de plus de 400 fois. Cette croissance impressionnante traduit à la fois le progrès technologique accumulé et la confiance persistante du marché envers les actifs crypto. Selon CoinGecko, la capitalisation crypto totale a dépassé 2 800 milliards USD au quatrième trimestre 2024 et poursuit sa trajectoire haussière jusqu’au deuxième trimestre 2025, illustrant la stabilité d’un marché en maturation.

Les moteurs de cette croissance sont l’afflux de capitaux institutionnels, l’amélioration des infrastructures et l’élargissement des cas d’usage. La maturité des technologies Layer2 a permis de réduire significativement les coûts de transaction ; l’essor des RWA (Real-World Assets) permet la circulation d’actifs financiers classiques sur blockchain ; l’intégration IA + Crypto repousse les frontières du marché des données et des réseaux de calcul. Parallèlement, la clarification progressive de la réglementation renforce la confiance à long terme. En 2024, de nombreux pays ont mis en place des cadres réglementaires pour les actifs crypto, posant les bases de l’arrivée de capitaux et d’acteurs institutionnels.
En octobre 2025, le nombre d’utilisateurs de cryptomonnaies dans le monde atteint 950 millions, soit environ 9,9 % de la population mondiale. Côté démographie, les 25–34 ans représentent jusqu’à 31 %, mettant en lumière une forte concentration générationnelle. Cette population affiche une grande aisance technologique et une vision ouverte de la richesse et de la mondialisation. Elle recherche des revenus passifs via les actifs numériques et participe activement à la DeFi, aux NFT et aux projets GameFi.
La répartition par âge montre une nette tendance au rajeunissement des utilisateurs crypto, reflet de l’alignement entre modèle économique émergent et culture digitale native. Ce groupe affiche une meilleure littératie numérique et une forte conscience de l’allocation d’actifs, devenant moteur de l’adoption Web3. Notons que la proportion de femmes est passée de 12 % en 2022 à 19 %, signe d’une amélioration de l’inclusivité et de l’image publique du secteur.

Sur le plan géographique, la région Asie-Pacifique (APAC) affiche la plus forte croissance annuelle à 69 %, suivie de l’Amérique latine à 63 %. Selon TradingView, la croissance stagne en Amérique du Nord et en Europe, mais ces régions restent leaders mondiaux en volume de transactions et en avoirs moyens par utilisateur. La répartition géographique du secteur crypto traduit une tendance à la « décentralisation et expansion vers le Sud ».
Si la croissance des utilisateurs ralentit en Amérique du Nord et en Europe, ces zones restent dominantes en termes d’actifs et de présence institutionnelle. À l’inverse, les marchés APAC et latino-américains deviennent moteurs de l’innovation applicative et de la croissance de l’emploi. En particulier, le Nigeria, l’Argentine et le Brésil adoptent massivement les cryptos pour les envois transfrontaliers et l’épargne anti-inflation, instaurant un modèle d’« adoption utilitaire ».

Après le boom spéculatif de 2021 et l’assainissement de 2022, l’industrie crypto est entrée entre 2024 et 2025 dans une « phase de croissance rationnelle ». Trois facteurs principaux alimentent la dynamique actuelle :
Premièrement, l’intégration profonde de l’IA et de la blockchain favorise un système économique décentralisé pour la donnée, la puissance de calcul et l’incitation par les modèles. Deuxièmement, le modèle RWA permet d’introduire les actifs financiers classiques sur la blockchain, ouvrant la crypto à l’économie réelle. Troisièmement, la maturité des cadres réglementaires mondiaux encourage des flux stables de capitaux et d’acteurs institutionnels conformes.

Cette étape se distingue par une « croissance qualitative » qui remplace l’expansion quantitative. Les équipes projets mettent l’accent sur la réalisation produit et la viabilité des modèles économiques, et la base d’utilisateurs évolue de profils spéculatifs vers des usagers orientés utilité. Au deuxième trimestre 2025, plus de 58 % des professionnels du secteur considèrent que la crypto est entrée dans une phase de développement stable et durable. Cette maturation structurelle offre au marché de l’emploi des perspectives plus stables et des parcours professionnels mieux définis.
Selon Web3Career, le nombre de postes crypto à l’échelle mondiale a progressé de 47 % en 2025 par rapport à l’année précédente, atteignant environ 66 000 nouvelles offres. Les profils techniques continuent de dominer, représentant plus de 50 % du total, couvrant le développement d’infrastructures blockchain, l’ingénierie de smart contracts, l’audit sécurité et l’architecture système.
En parallèle, les fonctions non techniques progressent fortement, la demande augmentant pour les postes en design produit, marketing, opérations, conformité et gestion des risques. Cette évolution marque le passage d’un secteur initialement technocentré à un modèle d’« écosystème collaboratif : technologie + gouvernance ».

L’essor des métiers produit et design traduit l’accent croissant mis sur l’ergonomie et l’accessibilité des interfaces. Là où les premiers produits Web3 étaient surtout technologiques, les équipes actuelles privilégient l’expérience utilisateur et l’interactivité. L’expansion des fonctions opérations et marketing est portée par l’économie communautaire, les projets devant entretenir engagement et notoriété via contenus, événements et mécanismes incitatifs.
La progression des métiers conformité et risk management est particulièrement marquée. Sous l’effet du durcissement règlementaire mondial, ces postes ont crû de plus de 35 % sur un an. Cela confirme la marche du secteur crypto vers l’institutionnalisation et la structuration à long terme.
En 2025, le marché de l’emploi crypto présente une segmentation claire par filières. Les exchanges, les infrastructures de blockchains publiques et les protocoles DeFi constituent les trois piliers, concentrant environ 70 % de l’effectif du secteur.
Selon Gate Research Institute (voir Figure 5), les métiers liés aux exchanges représentent 34 %, ceux des chaînes publiques et infrastructures 28 %, et DeFi/dérivés 21 %. Les segments émergents RWA (tokenisation d’actifs réels) et IA + Crypto pèsent ensemble 17 %, mais affichent la croissance la plus rapide.

Cette structure traduit la transition du secteur crypto d’un modèle « technocentré » vers un modèle « collaboratif écosystémique ». Les débuts étaient axés sur les protocoles de base et les systèmes de matching trading ; l’écosystème couvre aujourd’hui les infrastructures de données, produits applicatifs et services cross-chain.
En conséquence, la demande s’oriente vers des postes hybrides et transversaux. Les entreprises recherchent des profils pluridisciplinaires, maîtrisant à la fois technique, finance et dynamique de marché—en particulier dans les segments RWA et IA émergents.
Les exchanges constituent l’infrastructure centrale et le socle de liquidité de l’industrie crypto. Les exchanges centralisés (CEX) comme Binance, Gate, OKX, Coinbase et les DEX comme Uniswap et dYdX forment un réseau mondial d’échanges d’actifs.
La structure des métiers dans les exchanges est très diversifiée : développement système, ingénierie moteur de matching, cybersécurité, opérations conformité, marketing de marque, support client—autant d’équipes spécialisées.
Selon Web3Career, dans les métiers liés aux exchanges, la R&D technique pèse 42 %, le produit et design 13 %, marketing et opérations 14 %, business et finance 10 %, conformité et risk management 12 %, support client 9 %. Ce panorama souligne la dimension composite des exchanges, qui sont à la fois entreprises technologiques et plateformes de services financiers.
En 2025, l’Asie du Sud-Est et le Moyen-Orient s’imposent comme zones-clés d’expansion, avec la plus forte demande sur les profils multilingues spécialisés en opérations locales et conformité.
Les blockchains publiques et l’infrastructure constituent la colonne vertébrale du Web3 et sont très intensives en R&D. Des projets comme Ethereum, Solana, BNB Chain, Polygon, EigenLayer se consacrent à la scalabilité, la sécurité et l’architecture modulaire. Les métiers sont centrés sur le développement de protocoles, les algorithmes cryptographiques, l’ingénierie ZKP (Zero-Knowledge Proof), les consensus et l’exploitation des nœuds.
Selon Gate Research Institute, plus de 55 % des postes dans les chaînes publiques relèvent de la R&D cœur, la recherche et les algorithmes représentant 8 %. Les autres postes concernent relations développeurs, opérations écosystème, support technique.
La poussée écosystémique des blockchains publiques stimule l’essor des métiers DevRel et écosystème communautaire. Avec la maturité des réseaux Layer 2 et des protocoles cross-chain, le développement écosystémique devient un facteur clé de compétitivité. Les grands écosystèmes blockchain attirent les ingénieurs via des bourses développeur, hackathons et programmes de formation technique, d’où la hausse des rôles documentation, support SDK, engagement technique communautaire.
En outre, les technologies zero-knowledge et la modularité blockchain figurent parmi les domaines les mieux rémunérés, les ingénieurs de ce secteur atteignant généralement plus de 180 000 USD annuels.
La finance décentralisée (DeFi) reste le secteur le plus innovant et complexe de la blockchain. Selon DefiLlama, au T2 2025, la valeur totale verrouillée (TVL) atteint 210 milliards USD, soit +24 % sur un an. Des protocoles comme Aave, Lido, Curve, Uniswap, MakerDAO continuent d’innover sur la liquidité et le rendement. Les besoins d’emploi se concentrent sur quatre axes : développement de smart contracts, design de modèles économiques, sécurité des protocoles, opérations de marché.
Les métiers DeFi sont hautement interdisciplinaires. Les ingénieurs doivent maîtriser Solidity et l’audit de smart contracts, mais aussi la modélisation du risque financier, la conception de la liquidité, la distribution des rendements. Les fonctions audit sécurité et conformité progressent fortement (+50 % entre 2024 et 2025). Avec le durcissement de la régulation mondiale, les spécialistes conformité, consultants risk-control et analystes data on-chain deviennent essentiels pour les projets DeFi. Cette évolution traduit le passage de la DeFi d’une « finance expérimentale » à une finance structurée et institutionnalisée.
Le segment RWA est l’un des plus prometteurs pour 2025. Son objectif est de tokeniser les actifs traditionnels—obligations, immobilier, matières premières, parts de fonds—pour permettre leur émission et circulation sur blockchain. Selon Gate Research Institute et DefiLlama, la capitalisation mondiale RWA a dépassé 6 milliards USD au premier semestre 2025 (+180 % sur un an). Les projets phares incluent Ondo Finance, Backed Finance, Chainlink, Maple Finance.
Les métiers RWA se distinguent par la forte convergence finance-technologie. Les professionnels issus de la finance classique rejoignent ce segment à un rythme soutenu, en particulier ceux spécialisés en produits structurés, gestion d’actifs, conformité réglementaire. Les postes techniques concernent la tokenisation d’actifs, le design smart contract, la vérification cross-chain ; les fonctions non techniques portent sur l’analyse financière, la conformité juridique, le business development.
L’éclaircissement des cadres réglementaires et l’arrivée d’acteurs institutionnels accélèrent la professionnalisation et la standardisation du secteur, faisant du RWA la porte d’entrée privilégiée des professionnels de la finance traditionnelle vers la crypto.
L’intégration IA–blockchain fait émerger un nouvel écosystème d’emploi. Des projets comme Bittensor, Ritual, Fetch.ai, 0G développent des réseaux de calcul décentralisés et des schémas d’incitation sur modèles. Selon Web3Career (voir Figure 9), dans ce segment, la R&D IA/ML représente 30 %, l’ingénierie protocoles blockchain 25 %, data & sécurité 15 %, produit et croissance écosystème 20 %, conformité et support opérationnel 10 %.
Les tendances structurantes sont la « commoditisation de la puissance de calcul », « l’actifisation des données » et « l’économisation des agents intelligents ». Les rôles d’ingénieur IA et développeur blockchain convergent, donnant naissance au nouveau métier « AI-on-chain engineer ». À mesure que la répartition décentralisée des ressources d’entraînement et les incitations par tokens se structurent, la demande en talents devrait doubler en trois ans.
En 2025, le niveau moyen des salaires crypto progresse de 18 % sur un an. Développement blockchain, audit sécurité, ingénierie de protocoles restent les fonctions les mieux rémunérées, avec des ingénieurs top niveau dépassant 200 000 USD annuels.
Selon l’Index de rémunération Gate Research Institute, la plus forte hausse concerne ingénieurs et consultants conformité, tandis que marketing et opérations progressent de façon stable. Le salaire moyen des métiers conformité/juridique progresse de 23 % sur un an, en tête des fonctions non techniques.

À l’échelle mondiale, l’Amérique du Nord reste le marché le plus rémunérateur, avec une fourchette annuelle moyenne de 120 000 à 250 000 USD. En Europe, la recherche et la conformité sont très valorisées, même si la rémunération y reste 15 % inférieure à l’Amérique du Nord.
L’Asie affiche la plus forte croissance salariale, avec des niveaux à Singapour et Hong Kong proches de l’Europe, tandis que Vietnam, Inde et Corée du Sud connaissent la plus forte hausse d’opportunités. L’Europe de l’Est et l’Amérique latine affichent des salaires moindres, mais enregistrent la plus forte croissance mondiale des emplois à distance. Globalement, la crypto s’oriente vers un réseau salarial multipolaire à l’échelle planétaire.

La rémunération dans la crypto repose sur un modèle d’« incitation hybride » distinctif. Outre le fixe, les incitations en tokens sont devenues la norme dans plus de 70 % des projets, offrant des perspectives de gains long terme via les tokens du projet. Les écosystèmes DAO privilégient la récompense fondée sur la contribution, tandis que la flexibilité et le télétravail renforcent l’attractivité. Pour les cadres dirigeants et développeurs clés, primes sur objectifs et partage des profits se généralisent, rendant les schémas d’incitation plus souples et diversifiés.
Comparé à l’Internet et à la finance traditionnels, la volatilité salariale reste plus élevée, mais le potentiel maximum du package global est supérieur de 30 à 50 %. Les entreprises crypto sont plates, réactives, axées sur la performance individuelle et l’engagement communautaire. Malgré une volatilité court terme marquée, la culture du télétravail, la collaboration internationale et les incitations tokens distinguent le secteur pour attirer les jeunes talents qualifiés. En somme, l’emploi crypto redéfinit la valeur du travail à l’ère digitale par le risque, la récompense et la flexibilité.
Malgré l’explosion des offres d’emploi crypto, la pénurie de talents techniques haut niveau persiste. Selon Coinhub Research Institute, les postes non techniques ont continué de croître ces deux dernières années, dépassant à mi-2024 le double des emplois de développement.
Cependant, chaque poste non technique reçoit en moyenne 80 à 120 candidatures, contre 200 à 400 pour les métiers de développement. Malgré l’essor des postes marketing, gestion produit, opérations communautaires, l’élite technique demeure rare et la concurrence s’intensifie sur ces profils.

L’Amérique du Nord reste la région la plus concentrée en professionnels crypto (38 % du total mondial). L’Asie affiche la croissance la plus rapide, passant de 19 % en 2021 à 32 % en 2025 et devenant un hub mondial de formation et d’entrepreneuriat crypto. L’Europe reste en pointe sur la recherche et la conformité, tandis qu’Amérique latine et Afrique participent principalement par le télétravail et les modèles DAO.
L’Amérique latine a vu le nombre de startups Web3 augmenter de 64 % sur un an, devenant l’une des régions majeures pour les talents développeurs à distance à l’échelle mondiale.
L’écosystème éducatif blockchain mondial se structure progressivement. En 2025, plus de 250 universités proposent des cursus blockchain et crypto-économie, dont des institutions de référence comme le MIT, Oxford ou Cornell. Les plateformes d’apprentissage en ligne (Gate Learn, Binance Academy, Coursera) rassemblent plus de 4 millions d’apprenants, démocratisant l’accès à la formation.
Parallèlement, les grands écosystèmes blockchain multiplient bourses et bootcamps développeur—Polygon, Optimism, LayerZero—pour financer la montée en compétences. Ce modèle « coéducation académique + écosystème » continue d’alimenter le secteur en nouveaux talents.
Entre 2025 et 2030, le marché de l’emploi crypto va passer de l’expansion rapide à la transformation structurelle. L’intégration IA–blockchain génèrera de nouveaux besoins, le segment IA × Crypto devenant un moteur de croissance. Les ingénieurs hybrides, alliant machine learning et tokenomics, seront très recherchés. Parallèlement, la tokenisation des actifs réels (RWA) favorise la financiarisation du secteur et crée une forte demande en ingénierie financière, conformité et juridique. Singapour, Hong Kong, Suisse resteront des hubs mondiaux en conformité et institutionnalisation.
Dans les chaînes publiques et infrastructures, la compétition se concentrera sur la sécurité et l’ergonomie. Les métiers audit sécurité, ingénierie zero-knowledge (ZK), développement plateforme, DevRel continueront de croître. Les exchanges et services de courtage visent la conformité et la localisation, d’où une demande accrue sur les profils conformité et risk management régionaux. Globalement, la structure de l’emploi va évoluer d’un modèle centré tech vers une architecture multipolaire « tech + conformité + opérations », avec le télétravail et la décentralisation comme nouveaux standards.
En matière de rémunération, la volatilité du marché va s’atténuer, mais les packages resteront très compétitifs, la part de la valeur à long terme en tokens et incitations à la performance augmentant. Les credentials on-chain et historiques de contributions vérifiables devraient remplacer peu à peu le CV classique, l’évaluation des talents se recentrant sur la contribution mesurable on-chain.
L’Amérique du Nord conservera le leadership salarial, l’Asie sa dynamique de croissance, l’Europe progressera sur la conformité et la recherche, tandis qu’Amérique latine et Europe de l’Est poursuivront leur expansion grâce à leurs viviers d’ingénieurs à distance.
Dans l’ensemble, l’industrie crypto entre dans un nouveau cycle marqué par la croissance rationnelle, la transversalité des compétences et la collaboration mondiale. L’évolution structurelle des talents sera la variable clé pour façonner cette nouvelle phase de l’industrie.
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